Du carburant pour le cerveau et
les muscles
Les glucides jouent un rôle important dans le
fonctionnement de notre organisme. Le cerveau est
pratiquement exclusivement dépendant d’un apport
constant en glucose par la circulation sanguine. Le
cerveau adulte consomme environ 140 g de glucose par
jour, ce qui représente jusqu’à la moitié du total
des glucides alimentaires que l’on ingère.
Quelques études menées chez les adultes ont montré
que la consommation d’un repas riche en glucides ou
d’une boisson sucrée améliore l’efficacité mentale,
et notamment la mémoire, la réactivité, l’attention
et les aptitudes arithmétiques. Un repas riche en
glucides, une collation ou une boisson sucrée a des
effets cognitifs bénéfiques et contribue à réduire
la sensation de fatigue (1,2). Des adultes soumis à
un test de conduite à l’aide d’un simulateur
automobile sur une distance de 120 km, ont commis
significativement moins d’erreurs s’ils avaient bu
des boissons sucrées avant et pendant le test que
ceux qui n’avaient bu que de l’eau (3). Mais comme
le type de sucre, de même que la quantité et la
composition alimentaire totale, pris en compte dans
ces études n’étaient pas toujours identiques, les
résultats ne sont pas toujours compatibles.
Puisque les réserves en glycogène de l’organisme
(capital énergétique disponible rapidement à base de
glucose) dans le foie et les muscles sont limitées,
l’épuisement en glycogène des muscles est la
principale cause de fatigue pendant une activité
physique anaérobique intensive et de longue durée
(60 à 90 minutes). Les boissons pour sportifs, qui
contiennent des sucres, des électrolytes, et de
l’eau peuvent empêcher la déshydratation, retarder
la fatigue et empêcher l’épuisement des réserves en
glycogène de l’organisme car les sucres ingérés et
libérés dans la circulation sanguine sont de
préférence utilisés par les muscles. Dans le cas
d’une activité très intensive, le glycogène peut
être mobilisé en dernier recours si l’effort
physique se maintient.
En ce qui concerne la reconstitution des réserves de
glycogène, particulièrement importante pour les
athlètes de haut niveau, les glucides qui sont
facilement digérés et absorbés par l’organisme, sont
stockés plus rapidement sous forme de glycogène que
les glucides dont l’index glycémique est faible.
L’index glycémique reflète l’importance de
l’augmentation du taux de sucre dans le sang après
l’ingestion d’aliments.
Sucre et poids corporel
Un nombre appréciable d’études épidémiologiques (qui
considèrent les facteurs ayant une influence sur la
santé des populations) menées chez des adultes, des
adolescents et des enfants ont révélé à de multiples
reprises une relation inverse entre les apports en
saccharose et le poids corporel ou l’Indice de Masse
Corporelle (IMC), ainsi qu’entre les apports en
saccharose et les apports totaux en matières grasses
(4,5). Autrement dit, les sujets qui consomment un
pourcentage plus élevé de leurs besoins énergétiques
(calories) sous forme de sucre sont généralement
moins en surpoids que les sujets qui ne consomment
qu’un faible pourcentage de calories sous forme de
sucre. Il existe souvent un rapport inverse entre
l’importance des apports en sucre et l’importance
des apports en matières grasses (les gros
consommateurs de sucre tendent en effet à manger
moins gras). Toutefois, certaines personnes peuvent
dépasser leurs besoins énergétiques en surconsommant
des calories sous forme de matières grasses et de
sucre, ce qui à terme entraîne une prise de poids.
Les glucides, comprenant les sucres, sont reconnus
par les mécanismes de régulation de l’appétit de
l’organisme et favorisent la satiété6.
L’étude HBSC (Health Behaviour in School-Aged
Children) menée par l’OMS Europe en 2001-2002,
auprès d’environ 140 000 adolescents âgés de 10 à 16
ans dans 34 pays (essentiellement européens) a fait
le rapprochement entre la prévalence du surpoids et
de l’obésité, l’activité physique et les habitudes
alimentaires (5). Cette étude a permis de mettre en
évidence une corrélation négative significative
entre la consommation de sucreries et de chocolat et
l’IMC des adolescents de 31 des 34 pays étudiés. Une
consommation plus importante de sucreries a été
associée à une probabilité inférieure de surpoids et
aucune corrélation n’a été observée entre la
consommation de boissons sucrées et le surpoids (6).
Ces résultats peuvent en partie s’expliquer par des
facteurs de confusion : les enfants en surpoids et
obèses avaient peut-être déjà réduit leur
consommation de sucreries et de chocolat en raison
de soucis de poids ; ceux-ci tendent aussi à
sous-rapporter leur consommation et il est possible
que leur consommation réelle soit supérieure à celle
qu’ils ont rapportée. D’après une étude britannique
plus récente fondée sur des rappels alimentaires de
3 jours, menée auprès de plus de 1 000 enfants âgés
entre 5 et 7 ans, les boissons sucrées
représentaient 3 % des apports énergétiques totaux,
et aucun lien n’a été observé entre leur
consommation et l’adiposité à l’âge de 9 ans (7).
D’autres études, majoritairement américains, ont
montré qu’une consommation plus élevée de boissons
sucrées et de jus de fruits est liée à un IMC ou à
un gain de poids plus important (8). Ces preuves
équivoques ne permettent donc pas de tirer des
conclusions définitives sur les liens directs qui
existent entre les boissons sucrées et
l’augmentation du poids corporel.
La prise de poids survient quand l’apport
énergétique provenant des aliments et des boissons
est supérieur à la dépense énergétique engendrée par
le métabolisme ou l’activité physique. Il est par
conséquent difficile d’établir un lien entre
l’obésité et la consommation d’un aliment, nutriment
ou d’un ingrédient particulier. Un excès de
calories, quelle que soit leur source, peut conduire
à des excès alimentaires et au surpoids si la
dépense énergétique est insuffisante. Cela vaut pour
tous les types d’aliments et de boissons : si
ceux-ci contribuent à un apport énergétique excessif
par rapport aux besoins énergétiques, il s’ensuit
nécessairement une prise de poids.
Vitamines et minéraux
On croit volontiers que l’ajout de sucre risque de
se faire au détriment d’autres aliments et réduire
les apports en vitamines et minéraux. Pourtant, les
recherches ont montré que la consommation de sucres
ajoutés peut être compatible avec un régime
alimentaire équilibré et que rien ne permet de
prouver que le sucre remplace d’autres
micronutriments (9). La qualité nutritionnelle de
l’alimentation des enfants, même avec les apports de
sucre les plus élevés, s’est révélée adéquate en ce
qui concerne les apports en vitamines et en
minéraux.
Santé dentaire
Le saccharose est souvent accusé d’être à l’origine
des caries dentaires. Toutefois, tous les glucides
alimentaires peuvent jouer un rôle dans la carie
dentaire. Les recherches ont en effet montré que si
le sucre, les bonbons ou le miel étaient en cause,
les fruits ainsi que les aliments riches en glucides
au goût non sucré comme le pain complet, les pommes
de terre ou les chips l’étaient également. Les
caries surviennent lorsque les bactéries présentes
dans la plaque dentaire transforment les amidons et
les sucres en substances acides qui attaquent les
dents. Une bonne hygiène buccale et l’utilisation
d’un dentifrice au fluor sont les principaux atouts
de la prévention des caries dentaires et de la
promotion d’une bonne santé bucco-dentaire. La
prévalence des caries a reculé de manière sensible
chez les enfants et les adolescents depuis les
années 1970 sans qu’il n’y ait eu de changement dans
la consommation de sucre et malgré l’augmentation
des collations. De nos jours, la majorité des
enfants de 12 ans ne connaissent pas les caries
(10). Les caries peuvent être empêchées en brossant
les dents deux fois par jour avec un dentifrice au
fluor, en limitant les occasions de boire et de
manger à six fois par jour et en évitant de
grignoter ou de boire continuellement (11).
Diabète
Le diabète de type 2 est lié à des causes génétiques
et l’apparition des symptômes est souvent fonction
de l’âge, de l’obésité et du manque d’activité
physique. Il n’y a pas de lien de cause à effet
entre la consommation de sucre et le diabète. De nos
jours, les diabétiques bien contrôlés ont droit à
des quantités modérées de sucre dans le cadre d’un
régime alimentaire équilibré (12).
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