Les chercheurs s’intéressent à la
fois au fonctionnement des mémoires sensorielles
mises en jeu lors de la consommation des aliments, à
savoir les propriétés de la mémoire épisodique et de
la mémoire sémantique, et également à l’impact de
ces mémoires sur les réactions des consommateurs
vis-à-vis des aliments, c’est-à-dire les attentes et
la perception.
Les chercheurs ont formulé la théorie que l’une des
fonctions principales de la mémoire des aliments est
de rappeler, de façon implicite et non verbale, des
expériences antérieures associées aux aliments. Ce
rôle est en effet fondamental à la survie de
l’organisme, puisque le rappel d’une expérience
désagréable (malaise) conduira à l’évitement de
l’aliment tandis que le rappel d’une expérience
agréable (rassasiement, plaisir) conduira à la
consommation de l’aliment.
En conséquence, la confrontation entre un aliment
présenté à un instant et les expériences antérieures
rappelées par notre mémoire génèrent un état
d’attente pour l’aliment. Ces attentes peuvent être
hédoniques (à un instant, je m’attends à ne pas
aimer les huîtres, car dans le passé, j’ai consommé
des huîtres qui m’ont rendu malade) et/ou
sensorielles (à un instant, je m’attends à ce
qu’un aliment parfumé à la fraise soit sucré, car
dans le passé, tous les aliments parfumés à la
fraise que j’ai consommés étaient sucrés).
Performance de la mémoire pour la
reconnaissance d’un aliment connu
Pour examiner la capacité à
reconnaître des aliments régulièrement consommés,
les chercheurs ont mis en place un test auprès d’un
panel de dégustateurs. Les chercheurs ont invité 127
personnes habituées à consommer une marque précise
d’une boisson à recevoir une série d’échantillons
comprenant des variantes identiques à leur boisson
habituelle (variantes cibles) et des variantes ayant
un goût légèrement différent (variantes
distractrices). Pour chaque échantillon, les
participants ont répondu à la question "Cet
échantillon est-il identique à la boisson que vous
avez l’habitude de consommer ? Oui / non".
De façon surprenante, les résultats ont montré que
les dégustateurs ont su indiquer ce qu’ils n’avaient
pas l’habitude de consommer tandis qu’ils n’ont pas
su reconnaître ce qu’ils avaient l’habitude de
consommer. Autrement dit, les mémoires sensorielles
mises en jeu lors de la consommation d’un aliment
seraient davantage sensibles aux différences qu’aux
ressemblances.
A l’inverse des domaines visuel et verbal dans
lesquels on observe une meilleure détection des
ressemblances que des différences, la mémoire des
aliments aurait donc un fonctionnement spécifique et
différent des autres schémas de perception.
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