"Les Canadiens paient les
médicaments génériques plus chers que les
Américains, car les politiques du gouvernement du
Canada font en sorte que les compagnies
pharmaceutiques qui fabriquent des médicaments
génériques, ainsi que les détaillants du secteur
pharmaceutique, ne profitent pas du marché libre qui
permettrait de réduire les prix des médicaments
génériques," a déclaré M. Skinner.
Selon ses calculs, en réglementant les médicaments
vendus sur ordonnance, les politiques fédérales,
provinciales et territoriales du Canada ont coûté
aux consommateurs de 2,9 à 7,5 milliards de dollars
en dépenses inutiles en raison du prix gonflé des
médicaments génériques et d'une substitution
inefficace des médicaments.
L'étude a également révélé que les consommateurs
américains sont plus nombreux à remplacer les
versions génériques des médicaments par les
médicaments de la marque d'origine. Comme les
médicaments génériques sont moins chers aux
États-unis, les consommateurs américains sont
incités à choisir leurs médicaments de manière
rationnelle et avantageuse du point de vue
monétaire.
A l'inverse, les politiques publiques canadiennes
essaient de forcer, souvent par décret
gouvernemental, les consommateurs à choisir des
médicaments génériques sans réussir pour autant à
atteindre des taux de substitution aussi élevés
qu'on observe sur le marché américain relativement
plus libre.
Du nombre du total d'ordonnances délivrées au Canada
en 2007, 48 pour cent visaient des médicaments
génériques et 52 pour cent, des médicaments de
marque. Aux États-unis, 67 pour cent des ordonnances
visaient des médicaments génériques et seulement 33
pour cent, des médicaments de marque.
Parmi les nombreuses politiques qui faussent le
marché canadien des médicaments vendus sur
ordonnance, M. Skinner soutient que les principaux
problèmes sont les suivants :
-
Les programmes de médicaments
remboursent le coût des prescriptions aux
pharmacies plutôt qu'aux consommateurs. Comme
cette pratique a pour effet de cacher aux
consommateurs le coût de ses médicaments, il est
inciter à ne pas à comparer les prix lors de
l'achat. Or, un tel comportement exercerait des
pressions à la baisse sur les prix.
-
Les programmes provinciaux
portant sur l'achat de médicaments prévoient le
remboursement des médicaments génériques selon
un pourcentage fixe du prix du médicament de la
marque originale. Le remboursement à pourcentage
fixe n'encourage pas les détaillants à se faire
concurrence pour augmenter les ventes. Ce
phénomène s'explique par le fait que l'acheteur
(le gouvernement) offre le même prix à chaque
vendeur, et que ce prix est connu d'avance. Par
conséquent, les pharmacies tentent de faire
payer le prix maximal permis. Le prix est ainsi
beaucoup plus élevé que si les consommateurs
étaient directement confrontés aux coûts.
-
Le système de remboursement
public permet aux fabricants de médicaments
génériques d'échanger des rabais contre des
droits de distribution exclusifs qui donnent à
leurs produits le monopole virtuel dans les
pharmacies de détail. Ces rabais ne sont pas
transférés aux régimes d'assurance-médicaments
publics, car les pharmacies peuvent conserver la
différence entre le taux de remboursement établi
par le gouvernement et les rabais offerts par
les fabricants. Par ailleurs, le monopole
résultant des accords de distribution exclusive
crée un prix unique pour tous les acheteurs des
chaînes de vente au détail. Cela signifie que
les régimes d'assurance-médicaments, de même que
les payeurs d'assurance privée et les
consommateurs non assurés paient un prix gonflé
pour leurs médicaments génériques.
"Des provinces comme l'Ontario et le
Québec ont tenté de résoudre les problèmes que
posent ces politiques interventionnistes malavisées
en introduisant d'autres politiques
interventionnistes. Mais rien n'a réussi à faire
baisser les prix," a déclaré M. Skinner.
"Si les régimes d'assurance-médicaments publics
continuent d'appliquer des politiques de
remboursement fixe et indirect, les fabricants de
médicaments génériques et les détaillants du secteur
pharmaceutique trouveront d'autres façons créatives
d'échanger des rabais contre des monopoles, et les
Canadiens continueront de payer trop cher pour leurs
médicaments génériques."
M. Skinner conclut qu'il est dans l'intérêt des
Canadiens que les gouvernements fédéral et
provinciaux abrogent tout simplement les politiques
faussant le marché des médicaments vendus sur
ordonnance.
"Les gouvernements canadiens défendent les
politiques destinées au marchés pharmaceutiques en
prétendant qu'elles réduisent le coût des
médicaments vendus sur ordonnance pour les
consommateurs. Or, cette étude montre que les
Canadiens paient les médicaments génériques beaucoup
plus chers qu'ils le devraient, car les politiques
gouvernementales faussent le marché."
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